Découvrez Élodie Sire, architecte d’intérieur passionnée des matériaux d’exception et du savoir-faire d’excellence. Son approche respectueuse du temps et son souci du détail transparaissent dans chacune de ses réalisations, où elle magnifie la richesse des lieux, des histoires et des personnalités à travers chaque détail.
- Pour commencer cette entrevue, pourriez-vous nous rappeler en quelques mots qui vous êtes et nous présenter votre approche de l’Architecture d’Intérieure ?
Je suis Élodie Sire, architecte d’intérieur. Après 8 ans passés dans une agence d’architecture d’intérieur parisienne, spécialisée dans les projets haut de gamme, je crée D.mesure en 2007.
A la tête de mon agence, je continue d’adresser des projets très haut de gamme pour des particuliers, j’élargis mes collaborations notamment avec INCA et je commence à m’intéresser aux matériaux anciens, chinés, de récupération.
Ainsi la volonté de D.mesure consiste à me donner l’occasion d’explorer et de déployer mon univers de façon tout à fait personnelle. - D’où vient votre attention aux matériaux d’exception ?
Mon intérêt pour les matériaux d’exception découle tout d’abord de ma passion pour les matériaux anciens et de mon activité de chinage. Je suis constamment à la recherche de trésors tels que des lots de carreaux, de parquets, de bois ou des éléments de menuiserie que je réintègre dans mes projets, allant au-delà de la simple conception de mobilier et d’agencement.
Pour moi, la qualité des matériaux est essentielle et elle doit être intégrée dès la phase de conception. Ces éléments, qui n’étaient pas initialement présents, confèrent une toute autre dimension à mes réalisations.
En observant attentivement le marché dès les années 2010, j’ai réalisé à quel point les différents acteurs commençaient à perdre de vue l’importance de la qualité des matériaux, ce qui a motivé ma démarche.
En tant que prescripteurs et concepteurs, il nous incombe de relever le niveau, car la qualité des matériaux influe directement sur la pérennité des réalisations. Mon objectif est de créer des liens durables entre les éléments, leur permettant de résister d’évoluer dans le temps et de se prêter à de nouvelles histoires. Je mets en avant le travail à la main, le savoir-faire artisanal de haute qualité comme pilier de mes réalisations. - Qu’appelle pour vous la notion de « savoir-faire d’excellence » ?
Pour moi, le savoir-faire d’excellence réside dans l’idée d’un travail très manuel, où chaque geste est empreint de maîtrise et de tradition.
Il englobe un ensemble de compétences transmises de génération en génération par des artisans passionnés, tels que les ébénistes, les maîtres verriers ou les tailleurs de pierre. Ce savoir-faire repose sur l’apprentissage de la main, plutôt que sur celui des machines, et incarne le respect du geste, de la transmission et du temps.
La notion du temps est centrale selon moi. Ainsi, lorsque j’enseigne à l’école Boulle sur l’évolution des matériaux, j’aborde souvent le fait que certains matériaux moins contraignants sont préférés par les bureaux d’études pour leur rapidité de mise en œuvre et leur rentabilité financière. Cependant, cette quête de vitesse ne doit pas faire oublier l’importance de la durabilité et de la qualité. Les remplacements rapides, comme celui des cloisons en placo au détriment des carreaux de plâtre, peuvent sacrifier la robustesse et la durabilité des constructions.
Il est donc essentiel de valoriser et de préserver les savoir-faire traditionnels qui permettent de créer des œuvres durables et de qualité. - Quelles valeurs partagez-vous avec lNCA ?
Comme INCA, je suis principalement amenée a travailler dans le domaine de la rénovation. J’ai un rapport au patrimoine et à la culture très ancré dans ma pratique, loin des architectures plus conventionnelles qui ne déclenchent pas de réactions émotionnelles chez moi.
Je crois que nous partageons également un fort attachement à l’histoire des particuliers et des grandes maisons que nous accompagnons. Nous sommes passionnés par leurs univers singuliers, dans lesquels nous entrons avec précision, même au sein de mêmes activités.
Au delà des valeurs, c’est peut-être notre capacité à ressentir des émotions et à être embarqués par des projets, des personnalités, des identités, des sites, des territoires qui nous lie avec INCA.
Pouvez-vous nous partager un projet réalisé avec INCA qui vous tient particulièrement à cœur ?
Le maison d’hôtes du Chef Aribert est une expérience menée avec INCA qui m’a profondément passionnée. L’univers de la cuisine y est sublimé, avec une attention minutieuse portée au lien entre l’assiette et la cuisine. J’ai été fascinée par l’engagement et la discipline de la brigade, ainsi que par leur exigence envers les fournisseurs et les produits, des valeurs qui résonnent fortement avec celles de l’architecture. Il était captivant de voir comment tout cela se traduisait dans un espace aussi restreint que l’assiette, qui devient ainsi une véritable micro-architecture.
Pour le projet Aribert, nous avons développé un concept dédié, imaginant la maison comme un arbre avec des racines ancrées dans la terre, symbolisées par le spa au niveau du sol, et des branches s’élevant vers le ciel, représentées par les étages supérieurs de la maison.
Cette approche nous a permis d’explorer plusieurs matérialités et couleurs, telles que la canopée et la lumière abondante au dernier étage, l’univers des feuillages à l’étage en dessous, puis le rapport à l’écorce et enfin le lien à la terre au niveau du sous-sol.
A cette occasion, j’ai pu découvrir une approche de workshop très artistique, menée par Gilles en collaboration avec Christophe Aribert. Cette expérience a été un bel apprentissage, que ce soit sur le plan de la vision, des outils ou de la collaboration. Cela témoigne également d’un grand respect mutuel pour le travail de chacun.